Enquête
Sécurité industrielle : derrière l'épouvantail Lubrizol, quand LAT Nitrogen (ex-Borealis) cumule les impairs
Si le fabricant d'engrais LAT Nitrogen, basé au Grand-Quevilly, près de Rouen, fait moins parler de lui que son voisin Lubrizol, il demeure le site industriel le plus à risques de l'agglomération tant en matière de stockage que de process industriel. Les services de l'État veillent mais l'usine est loin d'être un modèle en matière de sécurité industrielle alors même qu'un accident majeur - une simulation y était justement organisée ce mardi 15 octobre afin de tester la réactivité des autorités - pourrait avoir des conséquences létales à l'échelle de la métropole de Rouen.
Le grave incendie de l’usine Lubrizol a quelque peu éclipsé les autres risques industriels encourus par l’agglomération rouennaise. Et notamment le plus prégnant d’entre eux, sur le site LAT Nitrogen France (ex-Borealis), qui stocke d’importantes quantités de substances particulièrement explosives, les mêmes que celles ayant entraîné une déflagration d’ampleur sur le port de Beyrouth, au Liban. « C’est un gros site de l’industrie chimique qui fabrique des engrais solides et liquides ainsi que des produits intermédiaires », expose Pascal Tailleux, syndicaliste CGT, 40 ans de carrière, à la retraite depuis fin 2022. « C’est une activité, essentielle, stratégique et donc politique pour le pays, notamment sur des questions d’indépendance agricole », poursuit notre interlocuteur. Stéphane Souillard, son successeur cégétiste, ajoute que « les carnets de commande sont pleins aujourd'hui ». Loin d’être un élève modèle, le site industriel, racheté récemment par Agrofert, un groupe tchèque, a connu de multiples ratés en matière de sécurité, y compris ces derniers mois. Selon une source proche de la Dreal de Normandie, il est identifié comme particulièrement sensible « aux risques accidentels et chroniques ». La Dreal, en tout cas, surveille le site industriel comme le lait sur le feu sans pour autant se montrer trop sévère au vu des nombreuses irrégularités observées ces dernières années. « Nous sommes une entreprise Seveso, ce qui signifie que nous suivons des règles strictes pour assurer la sécurité des opérations et la sécurité de nos employés, de nos sous-traitants et de nos voisins. Nous le faisons en étroite collaboration avec les autorités compétentes. Nous sommes sur le terrain tous les jours et nous voulons être en sécurité et que personne ne soit blessé au travail », assure le service communication de l'entreprise interrogé par Le Poulpe. La réalité du terrain est un peu moins rassurante. Le...
